1 Mai 2011
La dislocation du système obédientiel, rigide et centralisé de la G.L.N.F., mis en place à partir de décembre 1997, a quelque chose de pathétique.
Des Provinces entières sont aujourd’hui en dissidence, des Loges sont abandonnées à elles-mêmes et ne reçoivent plus ni correspondances, ni directives cohérentes de la part de leurs officiers référents, certaines Loges ont proclamé leur rejet de la personne du Grand Maître actuel sans vraiment réaliser que dans un système traditionnel, l’occupation d’une fonction est une affaire de légitimité institutionnelle et non d’assentiment populaire. D’autres enfin, dont nous sommes, après avoir constaté l’illégitimité du système obédientiel actuel, ont décidé de revenir aux fondamentaux de la maçonnerie de la G.L.N.F., tels que proclamés par les fondateurs de cette obédience et inscrits dans les « Constitution et Règlement général » de 1986.
Dans ce désordre généralisé, certaines Loges supplient Me Monique Legrand, administratrice légale à vocation strictement gestionnaire, de sauver l’institution ; d’autres, lui adressent machinalement les formulaires administratifs et les compte rendus habituels des Loges, car ils ne savent plus à qui les adresser ; d’autres attendent que le salut vienne du Souverain Grand Comité avec lequel ils pensent pouvoir établir une relation d’influence, sans trop se demander ce qu’un tel organisme pourrait produire de bon ; d’autres ne savent pas trop, mais attendent que le « Chef providentiel » derrière lequel ils se sont rangés, trouve la solution « providentielle » digne de la confiance qu’ils mettent en lui.
Le « Chef providentiel » lui-même, attend que l’administratrice organise « des élections », sans d’ailleurs trop savoir lesquelles, ni sur quels fondements et en vertu de quels principes, ces élections pourraient être organisées autrement que dans les limites statutaires rappelées dans la mission donnée à l’administratrice par la justice civile ; et aussi, sans trop savoir non plus, en vertu de quels principes il pourrait lui-même présenter sa candidature à des élections qui ne sont pas ouvertes.
D’autres parmi les Grands Maîtres provinciaux invoquent pour sauver leur titre, après leur désaveu du Grand Maître, la légitimité intérimaire que leur fournirait un député Grand Maître démissionnaire.
Bref, plus personne ne sait à quel saint se vouer et chacun s’agite dans le désordre, selon le mouvement brownien que connaissent les particules de matière, lorsqu’elles se retrouvent livrées à elles-mêmes.
Comme on le voit, un vent de la panique souffle pour tous ceux qui, depuis plus d’une décennie, ont vécu avec l’idée que l’autonomie des Loges est une incongruité inventée par des maçons irréguliers.
Beaucoup de maçons ignorent en effet, que l’autonomie des Loges était la règle normale à la G.L.N.F, depuis sa fondation statutaire en 1915, jusqu’à récemment en 1997, date à laquelle elle a été confisquée, pour des raisons aussi illégitimes qu’inavouables, faisant basculer notre obédience dans une dérive sectaire, profondément antimaçonnique.
Il est vrai que dans la culture issue du renversement de valeurs intervenu en 1997, les maçons obédientiels, ne peuvent concevoir l’activité maçonnique sans la supervision constante d’une obédience, distributrice à leurs yeux des bienfaits de la véritable maçonnerie.
C’est pourquoi, aujourd’hui, ils se retrouvent perdus et ne savent que faire.
Pour la première fois, ils se retrouvent seuls, contraints d’organiser par eux-mêmes leur vie maçonnique. Et c’est probablement ce qui va les sauver, car pour la première fois, par l’effet salutaire de la crise actuelle, les maçons obédientiels retrouvent les fondements traditionnels de la G.L.N.F.
Ils vont enfin comprendre, principe qu’ils connaissaient déjà et qu’ils répétaient souvent sans jamais s’autoriser à lui donner une portée véritable, que le véritable travail maçonnique, est un travail qui intervient dans une Loge, hors de toute ingérence obédientielle.
A plusieurs reprises, nous avons marqué dans divers textes, notre différence d’analyse à propos de la crise institutionnelle que connaît notre obédience. Pour nous, les comportements du Grand Maître actuel et de ses proches, ne sont rien d’autre que le symptôme d’un mal profond, installé au cœur même de notre obédience. Nous pensons dès lors que changer la personne du Grand Maître ne changera rien, si demain, il devait être remplacé par un homme incapable de formuler un désir véritable de revenir à l’application des principes de la maçonnerie traditionnelle. Car ce n’est pas de « chef » dont nous avons besoin, quand bien même serait-il un « bon berger »
Pour refonder l’institution obédientielle, nous n’avons pas d’autre choix que celui consistant à revenir aux textes fondateurs, seuls capables de rétablir une saine pratique de la maçonnerie.
Ainsi dans la Constitution de 1986, la centralisation administrative et comptable n’existe pas, puisque les Loges y sont autonomes. L’obédience cantonne ainsi ses activités, conformément aux statuts (Constitution et Règlement général) de 1986, à des cérémonies protocolaires, à des contrôles disciplinaires et déontologiques sur les Loges, et à des missions de représentation extérieure. Dans ce contexte la représentativité de l’obédience est confiée au maçon le plus qualifié pour remplir cette fonction.
Les positions de principe que nous énonçons ci-dessus, ne sont pas nouvelles. Nous les avons évoquées en diverses circonstances, bien avant que la révolte ne se déclenche ; bien avant que nous créions le blog du Myosotis de Septimanie ; et bien avant aussi que certains membres du Souverain Grand Comité ne se décident finalement à refuser ce qu’ils auraient du refuser, dès l’instant où les usurpateurs se sont emparés du pouvoir en 1997/1998.
Pour vous permettre de saisir le mécanisme précis de cette usurpation et le remplacement des valeurs obédientielles de tradition, par des valeurs contre-initiatiques, je vous propose de prendre en compte les sept questions suivantes :
Pour autant que l’on considère que les textes actuels sont légitimes, l’obédience est actuellement régie par deux séries de textes :
Cette organisation bipolaire dont l’objectif, quelque peu paranoïaque, visait à bien cadenasser le système autour de ses dirigeants, n’est évidemment pas viable, sachant qu’à ce jour, la gestion administrative relève d’une administratrice judiciaire, totalement incompétente sur le plan du respect des règles « constitutionnelles » et sachant également que le respect des règles « constitutionnelles » dépend exclusivement de la considération que les membres soumis à ces constitutions, veulent bien accorder à ces règles.
Dès lors, les textes obédientiels actuels conduisent à une impasse dont on ne peut sortir de façon cohérente que par un retour immédiat aux institutions G.L.N.F. de 1986.
C’est la raison pour laquelle, nous examinerons plus en détail, la légitimité et les avantages de cette démarche, dans un prochain exposé.
RAMINAGROBIS